Arief Yahya, Président Directeur, Telekomunikasi Indonesia (Telkom) : Interview : Interview

Indonésie | TIC

Quels progrès ont été réalisés sur le réseau national haut débit et comment relevez-vous les défis de la connexion de l'archipel ?

ARIEF YAHYA : De bons progrès ont été accomplis, malgré les défis inévitables liés à la connexion d'une nation composée de milliers d'îles. Pour construire l'infrastructure du réseau haut débit national, nous avons lancé l'initiative Indonesia Digital Networks 2015. Jusqu'à présent, le véritable haut débit a atteint 8,6 millions de passages à domicile. Nous construisons un anneau numérique de plus de 75 000 km qui servira de colonne vertébrale au réseau, reliant toutes les îles principales. La majeure partie de cet anneau, environ 68 000 km, a été achevée et la branche Sulawesi-Maluku-Papua devrait être terminée d'ici 2015. À ce stade, l'anneau atteindra environ 85 % de la population. Fournir un accès aux personnes dans les zones reculées reste cependant l'un des plus grands défis. Le satellite sera nécessaire pour connecter le reste de l'archipel, dans les zones les plus éloignées des îles principales. Nous cherchons également à construire plus de 100 000 mètres carrés de centres de données. Cela soutiendra les technologies de l'information et des communications (TIC) dans le pays et facilitera l'innovation sur les marchés verticaux et horizontaux. Un projet de cette ampleur n'a pas encore été tenté, et comme le déploiement de nouvelles technologies nécessite de nouvelles compétences et une planification précise, les défis sont bien sûr nombreux. L'un consiste à s'assurer que les partenaires comprennent la nouvelle technologie et sont prêts à mettre en place les composants requis : auparavant, les forces du marché servaient de moteur efficace, mais pour mener à bien un projet de cette envergure, nous devons maintenant diriger et faciliter cette préparation. Un autre est l'acquisition de sites. Dans chaque déploiement, il faut sécuriser le site et gérer les problèmes de licence. À cette fin, nous travaillons en partenariat avec divers propriétaires d'infrastructures à travers le pays pour mettre en commun les ressources.

Dans quelle mesure la croissance des services de données en Indonésie génère-t-elle des revenus dans le secteur ?

YAHYA : Le domaine de croissance le plus important du secteur est actuellement celui des données mobiles. Bien que la plupart des revenus proviennent toujours de services hérités tels que la voix et les SMS, ceux-ci sont en déclin relatif. Dans le mobile, les SMS continuent de croître d'environ 8 % et la voix enregistre également une faible croissance. Cependant, le prix de ces services est en baisse, nous devons donc chercher ailleurs des revenus dans les années à venir. En Indonésie comme dans tous les pays, les services vocaux pour les lignes fixes sont également en déclin. Nous nous attendons à ce que les services de données, qui atteignent une croissance d'environ 27 %, compensent le déclin de ces services plus anciens.

C'est pourquoi nous déployons le haut débit de manière si agressive. Il servira de base à partir de laquelle l'innovation pourra se développer. Une pénétration plus large aura un effet important sur l'économie indonésienne dans son ensemble : une croissance projetée de 10 % de la pénétration pourrait ajouter 1,4 % à l'économie. Notez également qu'une grande partie de la croissance des abonnés mobiles et des données se situe en dehors de Jakarta - à Java, Sumatra, Bali, Sulawesi et certaines des plus grandes villes de Kalimantan. Cette expansion des données mobiles, une tendance si importante, se poursuit dans tout le pays.

Dans quelle mesure la qualité du capital humain indonésien dans le secteur des TIC est-elle compétitive, en particulier avec l'intégration imminente de l'ANASE ?

YAHYA : Pour être vraiment compétitive dans la région, l'Indonésie doit se dépêcher de préparer une main-d'œuvre prête dans les TIC. L'opportunité est mûre : la nation a une population jeune en croissance rapide désireuse de contribuer à l'avenir du secteur. Il faut mettre davantage l'accent sur l'éducation – en particulier l'enseignement secondaire – qui formera les jeunes du pays et créera un vivier de talents aux normes internationales. Les entreprises locales s'associent de plus en plus à des multinationales de premier plan pour développer les services mobiles et cloud du pays. Ces partenariats sont essentiels pour élever les normes indonésiennes en matière de TIC au niveau mondial. Les entreprises locales doivent également traverser les frontières pour attirer le capital humain des marchés des TIC les plus avancés et les plus saturés de la région, tels que Singapour et Hong Kong. Je suis optimiste que si ces avancées dans l'éducation et la portée mondiale peuvent être réalisées, l'Indonésie pourrait devenir l'un des principaux acteurs de la région dans le domaine des TIC.

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